Si votre enfant commence à bégayer

Conseil bégaiement

Si vous entendez votre enfant commencer à bégayer, voici quelques conseils que vous pouvez dès maintenant mettre en place :

  • Essayez de diminuer les sources d'excitation, de grande fatigue, de stress;
  • Donnez toute sa place à la communication non verbale comme lorsqu'il était plus petit. Acceptez le retour en arrière (biberon, doudou, pipi au lit).
  • Allez vers l'allègement des contraintes de ses journées;
  • Ayez des attentes réalistes dans vos visées éducatives;
  • Informez son entourage des attitudes qui l'aideront;
  • Parlez-lui de son bégaiement, dites-lui que vous savez qu'il est inquiet, triste ou en difficulté. Dites-lui que vous entendez que sa parole est "toute douce" (et surtout pas qu'il parle bien !).

Un site à consulter pour plus d'informations : Association Parole Bégaiement

www.begaiement.org

Réponses favorables


Savoir être un interlocuteur actif qui pourra :

  • Écouter vraiment ce que dit l'enfant en s'intéressant avant tout à ce qu'il veut dire et à ce qu'il pense, sans chercher à deviner en force, à tout prix;
  • Manifester son intérêt en n'hésitant pas à proposer soit un mot, pour le mot qui accroche, soit une fin de phrase si l'enfant est bloqué;
  • Proposer ce qui lui vient à l'esprit en fonction du contexte, avec un phrasé plutôt interrogatif (la voix monte);
  • Reformuler ce qu'il pense que l'enfant veut dire : "est-ce bien ça que tu veux me dire ?" pour que l'enfant puisse ajuster au plus près de son idée;
  • Nommer le bégaiement : en parler ouvertement aidera fortement l'enfant à sortir de la peur d'être jugé comme incompétent, anormal;
  • "Rattraper" son regard d'un geste doux de la main vers le visage de l'enfant pour le rassurer et être avec lui justement dans les moments les plus difficiles;
  • Donner de l'intensité au temps passé avec son enfant;
  • Donner du temps à "l'écho mental" : en introduisant beaucoup de pauses dans sa parole, l'adulte laisse la parole de l'enfant résonner en lui et inversement;
  • Veiller à poser une question à la fois et des questions fermées;
  • Ecouter la réponse !
  • Prendre garde au changement de sujets de conversations trop rapides.
  • Etre attentif à sa grande qualité d'écouter : "car une authentique communication, c'est écouter, comprendre et partager" (et peu importe la forme !).

Toutes ces propositions peuvent vous conduire à une infinité de "micro-changements", et c'est par ce changement d'attitude global que s'amorce le changement chez l'enfant. Il perçoit au-delà des mots que l'on peut faire autrement.

Réponses nocives

Les reproches, les moqueries, les appels à la volonté

Ces attitudes qui orientent l'enfant vers l'effort de parole : l'effort pour mieux parler ou parler le mieux possible est paradoxalement ce qui pousse au bégaiement chronique.

Les conseils

Ces attitudes qui orientent l'enfant vers la prise en charge volontaire de l'éxecution du détail de l'articulation et non plus vers une parole naturelle et spontanée.

La fausse-indifférence

Ne pas prêter attention aux accidents de parole, faire comme s'ils n'existaient pas, en attendant stoïquement que l'enfant ait terminé. Cette attitude, malheureusement souvent recommandée, conduit l'enfant à fabriquer sa phrase dans l'effort, sans relation avec le contexte et sans prise en compte de son interlocuteur.

La rupture du contact visuel

Au moment d'un blocage, l'enfant baisse la tête dans son effort pour y arriver, et quand il regarde à nouveau son interlocuteur, celui-ci a souvent décroché ou choisi de porter son attention ailleurs.

Prévention bégaiement, comment intervenir précocement ?

La période de 2 à 5 ans est la plus exposée chez l'enfant pour l'installation du bégaiement. La période de l'acquisition la plus intensive de la parole et du langage est celle qui coïncide le plus fréquemment avec l'apparition d'un bégaiement.

On sait qu'il existe des facteurs qui prédisposent l'enfant à développer un bégaiement (facteur génétique, facteurs constitutionnels), des facteurs qui précipitent la venue du trouble (facteurs déclenchants lors d'évènements ou de situations de vie qui modifient le cadre de vie de l'enfant) et des facteurs qui font perdurer le trouble du bégaiement (tensions temporelles, éducatives, attitudes réactionnelles nocives de l'entourage de l'enfant).

Ces facteurs qui pérennisent sont ceux que l'on peut modifier, par un repérage et une compréhension de l'entourage et tout particulièrement avec les parents, de tout ce qui fait surcharge et déséquilibre pour un enfant.

Des attitudes favorables peuvent alors se construire ou se reconstruire et amorcent le changement chez l'enfant.

Un enfant ne bégaie qu'en présence d'autrui et c'est la qualité de l'échange dans la communication qui peut l'aider à sortir de son bégaiement.

-Être avec lui dans l'échange : écouter ce qu'il dit et non comment il parle;

-Être l'interlocuteur dont il a besoin : l'aider si besoin, être son partenaire et non le juge de sa parole;

-Prendre le temps nécessaire de l'échange, autour d'un livre ou d'un jeu par exemple et adapter sa parole à ce temps privilégié (phrases simples et pauses fréquentes, rythme des échanges non précipité, parler doux utilisé par le parent).

La communication est au centre de toutes les relations humaines et est donc très importante au moment du développement du langage et tout particulièrement pour la prévention du bégaiement.

"Papa / maman lit un livre"

Chaque jour, à un moment de vraie disponibilité, un des parents, le père ou la mère, en alternance, propose de raconter un livre d'images. L'enfant choisit lui-même un livre qui lui fait plaisir, éventuellement le même pendant longtemps. Il peut s'agir d'un ouvrage sans aucun texte. Il le commence où il veut, par la fin s'il le désire.

Le parent raconte ce qu'il y a, ce qui se passe sur l'image, en montrant du doigt. Papa/maman emploie un langage accessible, si nécessaire en employant des mots simples. Il utilise un ton naturel, un rythme ralenti, attentif aux possibilités articulatoires et aux capacités de l'enfant à se représenter ce qu'il écoute.

Il pose des questions et propose des réponses - sans attendre. L'enfant ne doit en aucun cas se sentir obligé de parler. Il peut se laisser seulement bercer par les mots, le récit, la voix de sa mère ou de son père. Il peut s'exprimer à tout moment et, s'il le souhaite, partager la construction du récit, mais il peut aussi choisir de rester silencieux.

Les objectifs de la lecture d'images ne sont pas d'apprendre du vocabulaire, des structures grammaticales ou de travailler l'articulation d'un mot déformé. Il s'agit bien au contraire de restaurer la valeur de l'échange comme communication, de retrouver du plaisir à être ensemble pour donner/recevoir une histoire.

(Extrait du nouveau fascicule "Bégaiement : intervention préventive précoce chez le jeune enfant de l'Association Parole Bégaiement, désiné aux professionnels de la petite enfance et subventionné par la Direction Générale de la Santé).